Une fort intéressante analyse, publiée dans Passeur de sciences, le blog de Pierre Barthélémy, décrypte pour nous un papier originellement paru le 17 septembre dernier dans les Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS). Selon ses auteurs, l’espace urbain aura rien moins que triplé entre 2000 et 2030, une expansion spectaculaire due, pour l’essentiel et sans surprise, aux pays du sud dont, en particulier, l’Inde et la Chine.
D’ici à 2030, la population urbaine mondiale approchera en toute hypothèse les 5 milliards d’êtres humains, pour une population estimée à 8,3 milliards. En combinant des clichés d’un satellite de la NASA avec les projections démographiques et économiques à leur disposition, les auteurs sont parvenus à modéliser la croissance urbaine à l’échelle mondiale, une première en l’occurrence. Le papier et les projections sont disponibles au téléchargement, ici. Pour relativement peu spectaculaires qu’elles apparaissent au premier abord —l’espace vide semble omniprésent— il faut se souvenir qu’en 2000, les villes n’occupaient que 0,5 % des terres émergées. Depuis, leur emprise n’a cessé de croître, voyant la surface urbaine totale gagner en moyenne quelque 110 km2 (soit à un pouième près, la superficie de Paris) chaque jour.
Des impacts environnementaux considérables sont donc à prévoir. La déforestation, en particulier, va peser lourd dans le bilan carbone, dont les auteurs estiment qu’elle correspondra à 50 millions de tonnes de carbone relâchées dans l’atmosphère chaque année. La biodiversité, de même, devrait s’en trouver lourdement affectée à mesure que l’habitat urbain grignote les espaces naturels. Pire encore, les auteurs précisent que leur modèle ne prend délibérément pas en compte les effets indirects de l’urbanisation sur les zones alentour des villes, comme l’appauvrissement des ressources naturelles —bois, eau…— ou l’augmentation de la production de méthane par le bétail.
En conclusion, les auteurs suggèrent la nécessité d’une densification de l’espace urbain, de sorte à réduire l’étalement des villes, d’une part, et à augmenter leur efficacité énergétique d’autre part. Parions que l’ère des IGH —les Immeubles de Grande Hauteur— évoqués par l’excellent J.G. Ballard dans son roman éponyme, n’est plus très loin.